Une des plus grandes étendues d’eau douce de la planète. Tel est considéré le lac Baïkal, situé dans le sud de la Sibérie, en Russie orientale que deux explorateurs vont tenter de traverser.
Un paradis naturel au coeur de la Sibérie
Également appelée paradis naturel par les sibériens, cette contrée abrite des milliers d’espèces animales, ainsi que des forêts entières de conifères appelées taïga. Les images parlent d’elles-mêmes : une réserve naturelle d’eau pure qui représente 1/5ème des réserves mondiales.
Avec la particularité d’être gelé une bonne partie de l’année, la température quotidienne des environs du lac de 636 km avoisine les -15 degrés.
C’est ce lac même que va tenter de traverser Dominique Bleichner et Elodie Arrault. Ces deux explorateurs se sont lancé un défi de taille : traverser le lac Baïkal dans toute sa longueur. Et le plus fou dans tout ça ? La traversée se fera… en char à glace.
Explorateur du grand Nord
Rencontre avec Dominique Bleichner, grand passionné de voile et d’aventures, qui nous confie ses impressions sur ce départ.
On aimerait en savoir un peu plus sur vous. Qui êtes-vous, quel est votre parcours ?
« Elodie Arrault est une amatrice de haut niveau, vraiment pluridisciplinaire. Elle a participé à plusieurs triathlons (Finisher Ironman Lanzarote et Embrun), cyclos (Mont Ventoux, Granfondo Saint-Tropez), ultra-trails comme la Diagonale des Fous, ou autres courses (Vasalopet, Pierra Menta, Défi Monte Cristo), … Elle s’est épanoui en particulier sur des courses engagées comme le Treg (un trail de 180 km non-stop dans le désert Tchadien), ou elle a été la seule femme finisher des deux premières éditions de la course. En avril 2016, elle projette un nouveau défi sportif consistant à aller défier des Raramuris – coureurs aux pieds nus – sur un 180 km dans les canyons mexicains. Elodie incarne une femme sportive mais non professionnelle, engagée dans des défis de haut niveau et comportant d’année en année une dimension aventurière de plus en plus forte. Elodie est ambassadrice de nombreuses marques ou courses.
Bien que finisher de plusieurs Ultras Trails (UTMB, Diagonale des fous, …), je suis surtout passionné de voile et de course au large. Lors de ma participation en 2015 à la course transatlantique «La Transquadra», j’ai vécu un évènement rare et marquant : la chute à la mer et le sauvetage de son co-équipier en plein atlantique. Comme un rappel à la vie, cet épisode m’amène à accélérer le rythme de ces projets d’aventure sportive.
Avez-vous déjà expérimenté la glace ? Si oui (on imagine) quelles sont vos expériences de traversées de glace ?
Mis à part un stage d’escalade de cascade de glace et notre expérience de ski-alpinisme qui nous rapproche de l’univers de la glace, la reconnaissance de cette année s’est avérée très utile. On s’est vite aperçu que l’étude fine des photos satellites quotidiennes depuis plusieurs mois ne suffirait pas et que même des guides locaux ne s’aventuraient pas comme ça sur le lac glacé. Il faut impérativement prendre l’avis des guides spécialisés et des pêcheurs qui seuls peuvent nous dire où sont les dangers. Sachant, bien entendu, que l’emplacement de ces dangers évolue d’une année sur l’autre.
Vous vous lancez à deux dans cette épopée. Vous arrive-t-il (et vous est-il déjà arrivé) de vous entrainer ensemble ?
Nous faisons chaque semaine une sortie de 2h ensemble mais les entrainements quotidiens se font chacun de son côté. Par contre nous avons de nombreuses sorties ensemble en montagne à notre actif, donc on sait comment réagit l’autre. En fait nous n’avons pas du tout les mêmes craintes, donc il y en a toujours un pour entrainer l’autre !
Vous vous apprêtez à traverser le lac en char à glace, de votre conception. Comment avez-vous procédé ?
La France est un des pays de référence question char à voile. C’est donc naturellement que nous nous sommes tournés vers Seagull, à Nantes, car c’est le leader. De plus, nous avons immédiatement accroché à Jean-Philippe Krisher, dont l’esprit d’initiative nous a tout de suite beaucoup plus. Il a aussi tout de suite été emballé par notre projet ! Par contre, le char à glace est très spécifique et il n’existe pas de char à glace en version raid. Donc il faut inventer. Comme nous avons un terrain mixte glace vive / poudreuse, nous ne pouvons pas nous contenter de lames (comme sur les DN qui sont des chars à glace de régate). Nous mettrons donc des patins pour avoir de la portance dans la neige et sous ces patins, nous mettrons des lisses de carbure (un matériau très résistant) à 60°, commandées aux USA. Pour le reste toutes les pièces sont réfléchies pour cette expédition et nous avons assemblé le châssis d’un modèle, le cockpit d’un autre, etc … Grâce à mon expérience de la voile, à nos échanges avec des spécialistes du char à glace, et à notre reconnaissance, nous avons maintenant des idées précises sur tout.
Comment vous est venue l’idée de cette traversée ? Est-ce un projet de longue date ?
Traverser le lac Baïkal était un projet que j’avais en tête depuis plusieurs années. J’avais lu «L’axe du loup » et « Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson, mais surtout, c’est lorsque j’ai vu une vidéo de régate sur glace suivi d’une autre ou 3 compères déployaient un carton assis sur leurs pulkas pour faire prise au vent et avancer (ils étaient sur le Baïkal d’ailleurs) que ça a fait tilt ! C’était quand même il y a 2 ans maintenant !
Pour finir, vous avez fait appel à une plateforme de financement participatif. Comment vous est venue cette idée ? Est-ce là votre unique source de financement ?
Pour associer nos proches à notre projet, nous avons effectivement ouvert pendant 2 mois une phase de financement participatif via une plateforme de financement participatif (kisskissbankbank). Mais l’essentiel de notre financement proviendra de bourses et d’entreprises sponsors. Les dossiers et contact sont en cours. L’originalité de l’aventure plait et nous permet de nous démarquer. À suivre … »
La collecte de fonds servira donc à compléter le financement majeur des entreprises, afin de pouvoir fabriquer les chars à voile et d’assurer leur transport.
Merci à Dominique pour toutes ces précieuses informations.
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur cette expédition, rendez-vous sur la page Facebook The Baikal Race.
En tout cas si vous ne savez pas quoi faire l’an prochain… rendez-vous en Sibérie afin de suivre cette épopée glacée !
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