« Mais dans quoi je m’embarque ? » ; « Mais qu’est ce que je suis en train de faire là ? », questions que je me suis souvent répétées durant mon vol de 8h reliant Nantes jusqu’à New-Delhi puis lors de mon trajet de 24h en bus pour aller à Katmandou, capitale du Népal. Mon plus long voyage jusqu’à présent était une semaine dans le Cantal avec mes parents, et là, je m’embarquais pour un trek d’un mois en Himalaya ! Sincèrement, encore aujourd’hui je me la pose, dans quoi m’étais-je embarqué de dieu ?! Surtout que je suis de nature très casanière et timide. Aller chercher du pain chez la boulangère du coin relevait du courage pour moi. Bon ok, j’exagère un peu, en tout cas jamais je n’aurais pensé qu’un jour j’aurais eu l’idée de réaliser un trek de près de 200 km pour rejoindre le camp de base du Mont Everest.
Pour comprendre comment m’est venue cette idée folle, surtout pour quelqu’un de pessimiste comme moi, il faut revenir quelques temps en arrière. J’étais étudiant en école de sport (STAPS) et je venais d’entamer une 5ème année synonyme de concours pour devenir professeur d’EPS. Je sais que 5 ans d’étude c’est très long même très très long ! Mais bon toutes mes années s’étaient très bien passées avec de très bons résultats qui me faisaient envisager sereinement l’obtention du concours et la fin d’un long calvaire étudiant. Malheureusement ça ne s’est pas déroulé comme prévu, j’ai lamentablement échoué à ce concours qui a eu l’effet d’une grande claque dans ma gueule. Elle fut pendant plusieurs mois très douloureuse cette claque, mais après quelques temps j’ai compris qu’elle avait pour but de me réveiller.
En effet, depuis tout petit je suivais exactement ce que l’on me disait de faire, en particulier à l’école. J’ai donc suivi le système dans lequel j’étais inscrit sans vraiment comprendre les choses. Pendant 5ans d’études c’était beaucoup ça, on te fait ingurgiter des choses dont tu te demandes à quoi elles vont te servir. Pourquoi apprendre l’Anglais pour être prof de sport par exemple, ça j’ai jamais réellement compris pourquoi. Mon échec au concours m’a donc réveillé et montré qu’il fallait que je fasse des choses qui avaient du SENS ! Et qu’est ce qui a plus de sens dans sa vie que de réaliser ses rêves hein? J’ai toujours adoré cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry qui dit « Fais de ta vie un rêve et de ce rêve une réalité ». Tout le monde la connaît, mais qui l’a réellement mise en pratique ? A partir de cet instant je savais quel rêve je voulais réaliser, celui de voir le plus haut point sur terre avec ses 8848m, c’est à dire le mont Everest!
A partir de ce moment, les souvenirs de l’échec au concours sont tout de suite remplacés par l’élaboration de ce grand rêve. Je me levais, mangeais, buvais, douchais et couchais Everest. Chaque jour je faisais de nombreuses recherches et me préparais petit à petit: sac à dos, budget, visas, assurance, climat, équipement, orientation et plein d’autres choses encore. Puis un jour je me suis aperçu que j’étais arrivé à un stade où j’avais tout planifié dans les moindres détails, il ne me restait plus qu’à confirmer mon vol synonyme de non retour en arrière. A ce moment là j’ai pensé à tout ce qui pouvait mal se passer « c’est un voyage trop long et trop loin » ; « c’est dangereux tout seul » ; « tu risques de te perdre » un peu comme le petit diable sur ton épaule qui fait tout pour t’empêcher de t’engager. Et puis finalement, sans réfléchir, sur un coup de tête, j’ai cliqué sur le bouton gauche de la souris pour valider les billets d’avions. Mais dans quoi je m’embarque!
Six mois plus tard ainsi que 8 heures d’avion et 24h de bus je me retrouvais seul à Katmandou au Népal. Il faisait alors près de 35 degrés, je me sentais alors un peu couillon avec mon sac de couchage de -15 degrés confort sur le dos. Avec la chaleur s’ajoutait la pollution, la poussière et surtout les bruits de circulation avec les coups de klaxon et autres vrombissements de moteurs. Ma priorité était alors de trouver un hôtel, le moins chère possible. Je suis allé au « Sarah’s backpackers », là bas je suis tombé sur des gens très accueillants. Mais plus généralement j’ai trouvé que les Népalais l’étaient tous. Je fis aussi la rencontre hasardeuse et heureuse d’un Français avec qui j’ai pu dialoguer et demander conseil. Lui, il comptait faire le fameux trek du tour des Annapurnas et pour lui aussi le Népal et l’Himalaya étaient une grande première. On passa la journée à Katmandou ensemble, c’est à ce moment que j’ai commencé à percevoir toute la beauté de la culture Népalaise. Les moulins de prières, les temples, la musique, c’est là aussi que j’ai découvert ce que voyager était réellement. Mais je savais que mon passage à Katmandou n’était qu’éphémère, qu’une étape.
Ma priorité était désormais de savoir d’où partait le bus pour me rendre à Jiri. J’ai choisi ce village car c’est tout simplement de ce village que débute le mythique trek pour aller au camp de base de l’Everest. S’il est aussi « mythique » c’est parce que les pionniers de l’ascension du mont Everest que sont Edmond Hillary et ses porteurs sont partis précisément de Jiri en 1953 pour ensuite se diriger vers la montagne et la gravir. Aujourd’hui, le départ du trek se réalise depuis Lukla où il y a un aéroport. Moi je voulais réaliser le VRAI trek, celui qui s’étend sur près de 200 km. Dans un bar le serveur me donna la station de bus exact mais il ne connaissait pas l’heure, tant pis je me réveillerai tôt!
A 5 heures du matin, je décidai de partir de mon hôtel et abandonnai mon ami Français, mais ce n’est qu’un au revoir. A peine sorti, je croisai par hasard un taxi (l’un des rares à cette heure), après un rapide négociation il m’emmena à la station de bus située au sud de la capitale. Là bas une dizaine de bus avec une pollution tant odorante que sonore me firent monter en stress « Mais quel bus va à Jiri ?! ». Je montrai alors à plusieurs Népalais le nom de « Jiri » sur mon téléphone traduit en Indi également, pour éviter une possible confusion. Tous me disaient de remonter la file de bus, arrivé au bout ils finirent par me dire d’attendre. Je me suis alors assis sur un trottoir, l’attente fut terriblement longue, jusqu’au moment où un Népalais me montra le bus qui va a Jiri! Quelle joie et quel soulagement! Le conducteur me confirma bien qu’il allait à Jiri, j’étais soulagé. A ce moment, j’ai entre aperçu mon rêve comme si j’étais sûr maintenant de le réaliser. J’ai pensé à mes parents, je me suis dit qu’ils devaient-être fiers de ce que j’étais en train d’accomplir, à ce moment j’étais très ému.
C’était alors parti pour 9 heures de bus local sur des pistes accidentées avec la musique Népalaise à fond! Au début j’étais seul dans le bus, puis il s’est rempli petit à petit jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une place de libre, mais les gens continuaient à grimper. A certains moments l’atmosphère était suffocante, heureusement que j’étais juste à côté d’une fenêtre. Le conducteur était un vrai « bourrin », il conduisait vite que ce soit pour monter ou descendre. Dans un virage en descente, l’arrière du bus a chassé sur le côté le rendant incontrôlable. Le bus a alors frotté avec la falaise, énormément de peur, on s’en sort juste avec un pneu crevé.
Après tout ce secouement, bruits et chaleurs j’arrivai enfin à Jiri vers 16h, village départ du trek. Je ne perdis pas un instant et décidai de partir sur le champ à la recherche du point de départ du trek. Est-ce que le trajet est balisé ? S’agit-il de la route? Un sentier? Y a-t-il du monde? Un Japonais qui était avec moi dans le bus décida de me suivre pour savoir lui aussi à quoi ressemble ce fameux départ, mais il comptait rester à Jiri pour passer la nuit. Nous découvrîmes alors qu’il s’agissait d’un sentier très bien visible, notamment avec la malheureuse présence de déchets multiples. Mais aussi et surtout qu’il était très bien balisé avec des cercles orange omniprésents. Le Japonais me prend en photo pour immortaliser mon départ, plus que 200 km me séparaient de mon grand rêve, le camp de base de l’Everest!
Dès les premiers mètres j’étais accompagné d’une forte motivation pour atteindre mon but. Mais aussi les paysages, la culture, les rencontres avec les Népalais furent très enrichissants. Avec tout ça, la météo était parfaite, mais j’avais bien peur qu’elle se dégrade les jours qui suivent, l’avenir me donna raison. Je progressais vite lors de cette première journée de trek commencée à 16h dès la sortie du bus. Sur le trajet, mon attention s’arrêtait plusieurs fois sur des terrains de volley locaux. Etant un joueur de volley depuis tout petit, j’étais enjoué de voir tous ces petits terrains fabriqués avec rien. Quelques temps plus tard, aux abords d’un chemin en surplomb, je reconnais parfaitement le bruit du contact d’un ballon de volley « Il doit certainement y avoir un match » me disais-je! Je ne m’étais effectivement pas trompé, plusieurs Népalais jouaient au volley, c’était une magnifique découverte pour moi! Mon premier réflexe de touriste fut alors tout naturellement de prendre une photo et vidéo d’eux en veillant à ne pas trop les gêner. Je restais plusieurs minutes à les regarder jouer en me rapprochant petit à petit du bord du terrain lorsque soudain, un des joueurs me proposa de jouer! J’ai accepté bien évidemment! A mon entrée sur le terrain, tous les joueurs Népalais ricanaient, pensant donner une bonne leçon de volley à ce touriste occidental chaussé de grosses chaussures de rando. Mais les ricanements laissèrent place aux réactions d’étonnement et d’admiration lorsque j’ai envoyé mes premières smashs au filet « ouaaaah ! »; « ooooooh ! ». Ils ne s’attendaient certainement pas à un tel niveau de jeu de ma part, surtout vu mon accoutrement. J’ai dû jouer quelques minutes seulement avec eux, j’aurai bien voulu passer plus de temps, mais le soleil se faisait couchant et il fallait que je rejoigne le village de Shivalaya qui se trouvait encore à une bonne heure de marche. Au moment de repartir, j’étais encore tellement sur un nuage, que j’en ai raté le cercle rouge balisant le trek. Fort heureusement mes amis Népalais volleyeurs m’ont fait signe de la bonne direction à suivre. J’étais véritablement enchanté! Arrivé à Shivalaya, j’étais vraiment ravi de mon début de trek, je ne pensais pas aller aussi vite avec une météo aussi bonne contrairement à celle qui était annoncée. Je voyais déjà mon grand rêve d’Everest se réaliser, mais j’étais loin de m’imaginer que ça ne serait pas aussi simple les jours suivants.
En effet le deuxième jour comme pour ceux qui suivirent, la météo fut beaucoup plus dégradée avec de fortes pluies l’après-midi, je ne pu alors faire que des petites journées de trek. Après le village de Nunthala, je fus obligé d’interrompre mon trek, j’étais mouillé et j’avais froid, en plus je n’étais pas bien sûr du chemin à suivre par moment. Bizarrement, c’était toujours quand j’étais un peu perdu que la météo était mauvaise décidément. Inévitablement j’ai attrapé la crève avec une bonne fièvre et une grosse diarrhée. Toutefois je commençais à comprendre la météo, celle-ci était bonne le matin mais qui avait juste tendance à se dégrader l’après-midi. Je devais donc concentrer mes efforts très tôt le matin.
Avec cette stratégie en tête, je progressais de nouveau assez vite en réalisant des journées de marche avoisinant les huit heures de marche, généralement entre 7h et 16h avec quelques pauses. Chaque jour j’étais épuisé, toujours avec cette volonté d’aller le plus loin possible pour me rapprocher à chaque fois un peu plus de mon rêve. Je m’autorisais même à faire une première nuit en bivouac en pleine forêt à près de 3000m d’altitude. Au bout du 6ème jour, j’arrivais enfin au village de Lukla, célèbre pour son aéroport qualifié de plus dangereux du monde car il débouche tout droit sur un ravin de plusieurs km de profondeur. Aux abords de Lukla, je pouvais voir les avions voler en dessous moi, une sensation bizarre qui me montrait que je commençais déjà à bien monter en altitude. Cet aéroport à Lukla, est le point de départ de toutes les explorations Himalayennes, il y a des avions et hélicoptères toutes les 5 minutes en direction de Katmandou. Moi j’ai préféré le bus local.
Lukla est l’une des deux plus grandes villes de cette partie de l’Himalaya avec Namche Bazar. Il y a donc pas mal de monde et surtout des occidentaux, mon trek prit une toute nouvelle dimension à ce moment là. Si j’étais plutôt tranquille avant Lukla, à partir de là je devais poursuivre sur un trek orienté tourisme de masse. L’aspect culturel perdait de son charme laissant place aux lodges et différents produits de consommation. Moi-même j’ai pris le temps d’acheter un tee-shirt et quelques denrées alimentaires. La nuit à Lukla fut difficile, d’une part parce que j’avais une bonne diarrhée et d’autre part car le temps était très orageux, pas l’idéal quand on dort en tente. Mais bon, c’est l’aventure comme je l’aime!
Le lendemain, je décampais aux environs de 10h et prenais le chemin de la sortie de Lukla. A cet endroit ce trouve un check-point où l’on doit acquérir un premier permis pour près de 10 euros. Une fois le précieux sésame obtenu, je progressais rapidement dans la vallée avec la célèbre ville de Namche bazar en point de mire. Un objectif ambitieux puisqu’elle se trouve à pas moins de 20km de Lukla. Rares sont les trekkeurs à faire la liaison entre les deux villes. Dès les premières heures de marche, je constatais sans étonnement que le chemin était parsemé de touristes et trekkeurs en nombre, mais bon ce n’est pas étonnant, tout le monde avait envie de voir le plus haut sommet du monde!
Après près de 5 heures de marche, je parvenais à un deuxième check-point, celui-là c’était pour recevoir le permis d’entré dans le parc de Sagarmata, autrement dit de l’Everest. Encore 10 euros lâché dans un permis, ça commençait à faire beaucoup… Après ce passage, il ne restait que 2 heures pour rejoindre Namche Bazar, avec un gros 500m de dénivelé positif pour finir. Ces quelques kilomètres auront été les plus durs de mon trek. Arrivé à Namche Bazar, j’étais épuisé comme jamais avec un peu de fièvre, mais qu’est-ce que la ville était magnifique et chaleureuse ! Je me suis tout de même pressé pour dénicher un Lodge. Beaucoup furent complets, mais j’ai fini par tomber sur le Pumori Lodge, où j’allais séjourner deux jours, pour me reposer et m’acclimater. Une nouvelle fois ma nuit fut difficile, surtout à cause de ma diarrhée persistante qui m’obligea à effectuer plusieurs détours aux toilettes.
Le lendemain matin, je découvris avec émerveillement, une météo au ciel bleu offrant une vue magnifique sur quelques montagnes dépassant les 6000m d’altitude, grandiose ! Je décidai de sortir faire un tour dans les petites ruelles de cette ville magnifique. Mais aussi, j’entendis dire que l’on pouvait observer le mont Everest depuis le sommet de la ville. Je pris mes crocs un petit sac ainsi que de l’eau et c’était parti ! Après une bonne heure de marche j’arrivais presque en haut. Puis dans un virage j’ai commencé à entrevoir des voisins au mont Everest. Ca y est mon rêve allait se réaliser, j’allais voir la plus haute montagne du monde! Je reconnu immédiatement le mont Everest, situé un peu en recul des autres montagnes mais qui était reconnaissable à sa petite pointe et son ressaut sur le côté. Mais le point de vu offrait aussi un panorama exceptionnel sur tous les plus hauts sommets du monde, un régal visuel. Surtout que le temps était magnifique. J’étais vraiment heureux d’avoir réalisé ce grand rêve et d’avoir vu le point le plus haut sur terre. A partir de là, je voulais aller encore plus loin, je voulais atteindre le camp de base de l’Everest.
J’avais réalisé à ce moment près de 180 kilomètres en 9 jours de marche intensive. Il m’en restait encore 100 pour atteindre le camp de base de l’Everest. J’étais en pleine forme, ma diarrhée était enfin passée et je n’avais aucun souci physique. Tous les voyants étaient au vert. Toutefois j’étais conscient que l’altitude et le froid allaient se faire de plus en plus présents et désagréables. J’atteignais le village de Tangboche en fin de journée où se trouvait un magnifique temple bouddhiste. Désormais je ne dormirai plus en lodge car les prix devinrent de plus en plus élevés, chaque soir je plantais la tente.
Je me rapprochais de plus en plus de la célèbre vallée de Khumbu, celle qui aboutit sur l’Everest et quelques autres 8000m de prestige comme le Lhotse et le Nupse. La météo était toujours capricieuse l’après-midi, je faisais régulièrement face à des rafales de vent et des nuages assez épais. Après le village de Dughla ma montre altimètre m’indiquait une altitude de 5000m, j’étais maintenant plus haut que le mont blanc! Le glacier de Khumbu se faisait de plus en plus épais et large, beaucoup de roches et de cailloux parsemaient le chemin. Ce n’était vraiment pas une partie de plaisir ! J’arrivais enfin au dernier petit village avant le camp de base de l’Everest « Gorak Shep ». Je commençais vraiment à en avoir marre, surtout à cause de la météo et de l’épuisement. Mais surtout qu’à chaque virage je pensais être arrivé alors que ce n’était pas le cas. Cette sensation de frustration, je l’ai souvent vécue lors de mon trek. Tu penses être enfin arrivé, alors qu’en réalité il te reste beaucoup de chemin.
A Gorak Shep, j’ai planté ma tente en haut d’une petite colline dans un coin assez tranquille à l’abri des regards. Je me rendis compte chaque matin que j’étais en réalité pile poil sur la zone de manœuvre des hélicoptères, pas vraiment agréable pour se réveiller. Le soir, j’allais dans un lodge pour casser la croûte, je découvrais avec effroi que bon nombre de trekkeurs et alpinistes étaient malades et épuisés. J’ai pris alors conscience que j’avais une santé et un physique au top. Heureusement car le lendemain je m’attaquais au sommet du Kalla Pathar et ses 5500m d’altitude. Il représente aussi le plus beau belvédère sur l’Everest.
Le 14 avril 2019, il était à peu près 6h du matin, je partis avec un petit sac et mes bâtons de trek. Il faisait très froid ce matin-là, je pense aux alentours -10°. Mes doigts étaient gelés, j’arrivais à peine à déverrouiller le code de mon portable. Mes pas étaient lourds et la respiration difficile même si je m’attendais à pire. Une heure après mon départ, le soleil commençait à pointer le bout de son nez. Le plus merveilleux c’est qu’il se levait pile poil dans l’axe du mont Everest. Je crois sans me tromper que j’ai vécu le plus beau lever de soleil de ma vie à ce moment-là! Le plus froid aussi… L’ascension était de plus en plus difficile, l’idée de faire demi-tour me traversait quelques fois l’esprit. Mais après 2 heures de montée laborieuse, j’atteignais le sommet du Kalla Pathar et ses 5500m d’altitude, une très grande fierté ! Les paysages étaient à couper le souffle, c’est même indescriptible de le raconter par écrit. Même avec toutes les photos et vidéos que j’ai pu faire, rien ne remplace cette sensation de plénitude devant ce spectacle grandiose que j’ai pu vivre. J’ai dû rester une bonne heure là haut, j’ai profité un maximum ! En contrebas, j’observais le fameux camp de base de l’Everest, objectif final de mon voyage. Il se trouvait à encore 3 bonnes heures de marche.
Le 15 avril, je délaissais une nouvelle fois ma tente pour prendre la direction de « EBC » (Everest base camp), la météo était bonne, même si je savais qu’elle allait se dégrader comme d’habitude. Il y avait beaucoup de monde sur le chemin : des sherpas, yaks, trekkeurs et même plusieurs hélicoptères qui passèrent au-dessus de nos têtes. Après 2 bonnes heures de marche, j’accomplis un de mes plus grand rêve, atteindre le camp de base de l’Everest qui culmine à près de 5300m d’altitude ! Ma fierté était au maximum, jamais j’aurai pensé faire un tel exploit dans ma vie. Le premier réflexe fut bien évidement de me faire prendre en photo à côté de la bannière « Everest base camp ». Comme pour le sommet du Kalla-Pathar la veille, j’en profitais un maximum. Je me baladais et prenais de nombreuses photos. Je découvrais avec émerveillement ce petit village de près de 5000 habitant au pied de la plus haute montagne du monde, avec ses multitudes de tentes jaunes. J’appréciais également observer chaque personne en train de faire son petit train train quotidien entre les prières, les tâches ménagères et autres entraînements d’alpinisme. J’arrivais enfin au bout du camp de base, après l’avoir traversé de part en part, je me retrouvais alors face à face avec « the ice fall » autrement dit le mur de glace, par lequel s’élancent les alpinistes en direction du camp suivant.
Bien entendu je ne pu continuer plus loin car je n’avais pas l’expérience et le matériel nécessaire. Et surtout chaque tentative d’ascension du mont Everest doit être soumise à un permis obligatoire d’un coût de près de 10000 euros. En tout cas rien que le fait d’avoir réalisé cet immense exploit d’avoir atteint le camp de base de l’Everest m’a réjoui et me réjouis infiniment encore au moment où j’écris ces lignes. Cette expérience me fit prendre conscience que l’on est capable de réaliser plein de choses dans nos vies y compris nos rêves les plus fous. C’est grâce à cet enseignement que je me fixe comme nouveau grand rêve, un jour, l’ascension du mont Everest et ses 8848m. Je finis ce récit par une citation d’Edmond Hillary (le premier homme à avoir atteint le sommet de l’Everest) et que j’apprécie beaucoup « Ce n’est pas la montagne dont nous faisons la conquête, mais de nous-même. ».
Je vais tous lire, bravo Julien de nous faire voyager.
Passionnante aventure mon grand. Très heureux pour toi. La bisettes. Toffer
Très beau récit ! Passionnant ! La détermination qui mène au bout de ses rêves… BRAVO