1er août 2020 : départ en duo pour la fameuse vallée des Merveilles, au coeur des Alpes. L’excitation est à son comble face au programme alléchant qu’il me suggère : 6 jours de randonnée, de contemplation, de grand air (et de crampes…) entre Castérino, le refuge de la Valmasque, celui des Merveilles et le lac des Mesches… Ensemble, nous nous apprêtons à vivre l’aventure, à 2000 m d’altitude, en autarcie sous la tente, avec pour plus fidèle compagnie celle des marmottes et des chamois ! Bon, à l’exception du sac de 12 tonnes qu’il me fourgue courtoisement sur les épaules, le tableau se révèle idyllique.
Au premier jour de marche entre Castérino et la Valmasque, des paysages éblouissants de verdure, de force et de vitalité s’imposent à perte de vue. Nous sommes tous deux séduits par le décor grandiose de cette nature brute et escarpée qui nous offre généreusement, dès notre arrivée, le spectacle étonnant de petits rongeurs malins et autres gracieux caprinés.
Malgré toute cette splendeur, les ampoules que je sens gonfler dans mes chaussures me ramènent inéluctablement à la réalité de ce trek qui ne fait que commencer. Non, je ne suis pas un bouquetin agile et oui, il est grand temps de monter notre tente pour nous y reposer ! Ravis et quelque peu étourdis par cette première journée en montagne, on tombe tous les deux comme des mouches, le soleil à peine couché. La perfection… jusqu’à ce que le calme majestueux de la vallée laisse place à la torpeur inattendue d’un orage démentiel. Moi qui m’imaginais un repos bien mérité, bercée par les clapissements de la rivière, je n’étais pas au bout de mes peines. Mon tendre et cher, qui me ventait les charmes d’une trêve sous les étoiles, me propose finalement une nuitée sous les éclairs et la pluie, tous deux accroupis à distance « pour éviter d’être foudroyés ensemble » ! Il ne m’avait pas vendu ça le bougre…
Bien déterminés à oublier ce mauvais passage, nous partons au petit matin pour le lac d’Agnel, étape à franchir avant d’atteindre le lac Gelé. Au fur et à mesure des dénivelés, la montagne se montre plus âpre, mais sa beauté et sa puissance ne s’en trouvent que décuplées. Autour du lac, une ribambelle de chamois prend la pose face à nos yeux ébahis. Les orages sont bien loin et plus rien ne peut nous arriver… Raté ! A quelques derniers kilomètres de notre inaccessible lac Gelé, nous faisons littéralement face à un mur, il va falloir grimper ! Comment dire ? Avec mon 12 tonnes sur le dos ? Non, même pas en rêve. C’est donc « la queue entre les jambes », mais des souvenirs plein la tête qu’on décide de poursuivre notre épopée montagnarde vers d’autres horizons.
Après une escale au refuge de la Valmasque, la traversée de la baisse de Valmasque à 2500m et le sentier découverte des peintures rupestres, nous atteignons valeureusement le refuge des Merveilles. La splendeur des lacs est stupéfiante. Face à cette nature immense, on est bien peu de chose ! Et ce n’est pas notre tente qui dira le contraire, puisque dans la nuit du 3 août une improbable tempête de grêle s’abat brutalement sur elle. Et rebelotte, une nuit exécrable ! Mais le réveil avec 20 cm de neige autour de la tente, en plein mois d’août, quoi de plus fabuleux ?
Difficile de résumer notre périple autour de l’adage : le calme après la tempête. Notre petit bout de chemin dans le Mercantour nous rappelle bien plus que rien ne sert de courir, il faut partir à point…et bien équipé !
Merveilleux, cette vallée !!!
Les photos sont superbes, merci