Cette opération ambitieuse, consiste à revenir en cinq morceaux de Zermatt, en parcourant à pied 220 km dans les Alpes Suisse jusqu’à Chamonix en autonomie complète. Les cinq morceaux se prénomment Mathilde, Pierre, Marie, Pierre et… Pierre.
Randonneurs du dimanche chevronnés, la fine équipe a donc démarré le périple au pied de l’imposant Matterhorn (ou Cervin pour les francophiles). Cette mythique montagne, bien connue des amateurs de Toblerone et d’alpinisme, surplombe la petite ville de Zermatt, très encaissée dans le fond de sa vallée. Et comme pour toutes les bonnes randonnées, les premiers pas se font sous une pluie battante.
Le premier objectif est de gagner les hauteurs et rejoindre l’europaweg, afin d’y bivouaquer pour cette première nuit fraîche et humide. Le réveil, aux premières lueurs du jour, est exceptionnel, avec une vue sur un Cervin incandescent !
Le chemin remonte, à flanc de montagne jusqu’à Sankt Niklaus, 60 km et 3 jours plus tard, en passant par la passerelle suspendue la plus longue du monde ( presque 500m ) et en longeant de nombreuses falaises, qui pourraient sembler vertigineuses si les yeux n’étaient pas braqués sur les glaciers et les 4000 qui bordent la vallée.
Au matin du 4ème jour, un nouveau jeu débute, le fameux saute-vallée. Les cols se succèdent avec une plaisante routine. Le matin très tôt, c’est l’ascension avec le soutien facétieux des chamois et bouquetin curieux de voir des maladroits bipèdes (les bâtons ne comptent pas sur les pavasses …) fouler leurs pentes escarpées. Puis l’arrivée au col sonne la fin de la récré, une vue imprenable certes, mais surtout une terrible descente de plusieurs heures pour conclure l’étape. Heureusement, le déjeuner intervient pour couper ce douloureux moment pour les articulations, c’est également le temps du séchage pour les tentes gorgées d’humidité ( ou carrément gaugé d’eau en bourguignon ! )
La dernière vallée de Suisse Allemande est la vallée de Tourtemagne, dont le fond culmine à 1900m. C’est un lieu verdoyant et enchanteur qui est conclu au fond, par deux gigantesques glaciers, qui il y a 20 ans se rencontraient encore. Cette vallée est déserté, inaccessible, dangereuse 6 mois par an. La traverser semble donc être un privilège. En sortir par le col de la Forcletta signifie l’arrivée dans le valais Francophone.
La trace à suivre n’est pas de tout repos, avec en moyenne une vingtaine de kilomètres à parcourir par jour, 1000m de D+ et 1200m de D-, sans compter les passages atypiques et parfois effrayants par des échelles, des passerelles, des névés (même en août) ou encore des tunnels.
Mais pour reprendre des forces, rien de mieux que de trouver un endroit de bivouac féerique et, sur la haute route, ces endroits ne manquent pas. Près d’un lac, sur une crête à l’abri du vent, proche du ronronnement nocturne des glaciers, ou dans le jardin des chaleureux valaisans, les trois tentes ont su trouver des espaces tout en confort pour leurs occupants.
Les paysages fabuleux et tellement diversifiés ne laissent aucun répit sur ce tracé. La réserve naturelle de grande dixence et le plateau de prafleuri sont deux lieux mitoyens aux antipodes l’un de l’autre. L’un est plein de vie, végétale et luxuriant, le second est hostile, froids et minéral. C’est un des exemples qui fait de cette randonnée une expédition bien souvent à couper le souffle.
Cette longue ballade est hautement recommandable pour qui cherche un vrai défi physique et une randonnée exigeante. Elle est, du fait de sa difficulté, peu fréquenté même en haute saison.
L’opération fut belle et bien menée à son terme, la tête pleine de souvenir.
Bonjour, je souhaite réaliser le tour du mont Rose en rando bivouac avec mes enfants. Je vois partout qu’il est interdit de bivouaquer dans le valais, vous n’avez pas été embêtés ?