6 août, Kakadu park, Nord de l’Australie, pas très loin de Darwin
Cela fait maintenant trois semaines que nous découvrons l’Australie et ses espaces immenses, ce qui nous change de notre île de la Réunion ! Ce matin au programme une petite randonnée de six heures dans la montagne afin de s’immerger plus profondément dans ces paysages somptueux. Depuis trois jours que nous découvrons ce parc et ses nombreuses peintures rupestres, nous sommes un peu frustrés car les balades proposées sont de petites boucles d’une heure trente maximum. Aujourd’hui, c’est enfin une vraie promenade qui s’annonce. Le début dans la rocaille est très beau. Petit dénivelé, rien de bien méchant. Après deux heures nous attaquons une petite descente mal foutue car les pierres glissent sous nos pas. Tout en marchant avec ma compagne nous évoquons ces peintures rupestres, témoignages forts de cette culture aborigènes qui se meurt.
La glissade
Soudan glissade ! Je n’ai pas emmené mes bâtons de marche souvent indispensables maintenant que la soixantaine s’approche et que mes chevilles ont souffert plus qu’à leur tour de multiples entorses ! La peur s’insinue instantanément, peur de la douleur de l’entorse, peur de me faire mal là au milieu de nulle part. Mes muscles se bloquent, mes genoux se serrent. Crispation totale et immédiate, réflexe. La pierre qui glisse se bloque, Cinquante centimètres de chute peut être, mes genoux plient. Tiens j’aurais dû le faire ce régime nécessaire. J’ai avec moi un sac à dos avec six litres d’eau. Il fait chaud, même si nous sommes en hiver. 35°C, air sec. 94 kilos sans doute, j’ai perdu un peu, mais c’est trop. Les genoux plient, plient, mais les muscles eux crispés ne jouent pas leur rôle d’amortisseur. Ça tend, ça tire, ça explose ! Deux soleils dans les cuisses. Je tombe au sol, fourmilière de fourmis de feu, je me relève. La douleur explose à nouveau. Je retombe. Ma tête semble frapper un arbre couché, je glisse puis cela s’arrête. Je me sais blessé. Domin s’approche inquiète. Je cherche du calme. La douleur a diminué. Maintenant elle est là chez elle dans mes cuisses. Il faut aller chercher du secours. Le téléphone portable ne capte rien. Quatre litres d’eau, un tissu bloqué dans un arbuste pour une ombre vague et Domi part.
L’attente
Deux heures de marche pour atteindre le parking. Pour moi quatre à cinq heures d’attente. Le soleil se multiplie. En fait une heure trente passe et Domi revient avec un jeune couple rencontré sur ce chemin.Leur téléphone a fonctionné; les rangers vont arriver. Un hélicoptère vient rapidement, un tout petit hélico. Il tourne et retourne, pas possible de se poser près de moi. Un soulagement; on va me prendre en charge, c’est bon. Une infirmière arrive, pense que j’ai un problème musculaire, je sais que non. Il faut m’hélitreuiller car je ne peux pas me déplacer. Pourtant, j’arrive à dire deux ou trois plaisanteries. Du coup ils ne sont pas surs que je sois vraiment blessé. Si un jour jour vous l’êtes, faites le blessé ! Il faut attendre l’hélico de Darwin, dans deux heures peut être plus. Il est onze heures sans doute, le soleil est en grande forme. 14 heures, l’hélico ne sera pas là avant plusieurs heures s’il peut venir. Une solution ? Approché un quatre quatre en bas de la montagne. Pas possible d’amener un brancard. Puis je ramper ? Peut-être. C’est parti pour deux cent cinquante mètres. Domi et l’infirmière soulèvent mes jambes mortes, je pousse sur les bras. Paumes des mains bientôt douloureuses, brûlées. On me bande les mains et c’est reparti. Enfin, le quatre quatre. On me hisse à l’intérieur. Je suis assis. Je souffle. Ça y est, on va pouvoir me prendre en charge. Dans le véhicule, je discute avec le chauffeur un trait d’humour; cela pourrait être pire, j’aurais pu être piqué par un serpent ! Oui, c’est une zone infestée me dit-il !
La prise en charge
Ambulance, clinique. Personne ne croit que je suis blessé. Je dois me lever avec un déambulateur et je rentre à notre domicile de vacances. Le lendemain je rechute; mes jambes ne me tiennent pas, retour à la clinique ça y est, on va me prendre en charge! Le soir on me met dehors; la clinique ferme; il faut aller à Darwin. Pas le temps avant la nuit car nous ne sommes pas assurés pour rouler la nuit à cause.des accidents potentiels avec les kangourous L’infirmière pour pouvoir fermer la clinique et rentrée nous a menti sur les distances. Nuit dans un camping, assis devant dans le van. Le soleil se lève enfin. Des wallabies viennent nous dire au revoir ! Darwin, l’hôpital, enfin ! Diagnostic: double ruptures des tendons des quadriceps. Opération obligatoire, six semaines sans bouger, rapatriement ! Là Domi va mettre en place un combat avec notre assurance. En très court, retour à la Réunion par l’Afrique du sud et Maurice ! Si, si amusez-vous à prendre une carte: en gros 31 heures de trajet plutôt que onze en direct ! Des transferts ! Fauteuil roulant, fauteuil roulant d’avion puis place assise, une fois deux fois, trois fois etc. Première classe pour que mes jambes bloquées dans les atèles tiennent. Je suis épuisé. Enfin aéroport de la Réunion. L’assurance a oublié de prévoir une ambulance ! Trois heures d’attentes à l’aéroport. Je tombe d’épuisement, de nervosité, c’est long trop long. Les pompiers ne trouvent pas d’ambulance, la Réunion n’a plus d’ambulance ! Au bout de trois heures, nous commandons un taxi, je me glisse dedans jambes tendues.
Enfin l’hôpital
Çà y est on va me prendre en charge. L’accident c’était il y a six jours. Nous téléphonons à l’hôpital. Oui on m’attend, Il faut passer aux urgences. Là une sergent-chef me hurle dessus, je n’ai rien à faire ici, je réplique en pleurant, elle me menace de me faire virer par les vigiles: cauchemar ! Un brancard, je roule, ma chambre, un lit, la fin de la route ? L’infirmière me dit : il faut passer aux urgences puis voyant mon visage ajoute: pas d’inquiétude on va se débrouiller ! Cette fois c’est bon, on va me prendre en charge !
16 août opération, bonjour douleur, retrait des drains: pas supportable, découverte du gaz hilarant ! 26 août retour à la maison dans un lit médicalisé. 10, 12, 13 semaines avant de remarcher, nous verrons. Sinon, l’Australie est un beau pays, un peu cher pourtant…
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